Le Bocage - Journal du jardin


Carnet d'observations, d'expérimentations et de réflexions

dans le cours du jardinage d'un boisé en Haute-Amérique


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27 janvier 2007

Fabriquer et installer un pluviomètre artisanal

photo M.-J. Musiol :  Ensoleillé, maximum - 11 °C.

Nouvelle séance de débitage des arbres déjà abattus. J'en ai jusqu'au printemps.

Je note pour la première fois de l'hiver l'assèchement complet du lit des rigoles. Cependant, en certains endroits, il y a eu encore suffisamment de chaleur pour qu'aucune neige ne puisse s'y accumuler malgré des chutes récentes.

* * *

Le pluviomètre, instrument indispensable des jardiniers désirant être leur propre station météo.

Plan de pluviomètre artisanal Cet appareil de mesure permet de vérifier le comportement du jardin et de chacune des plantes sous diverses conditions d'humidification ou d'assèchement, de savoir s'il faut arroser ou non, ou encore drainer ou non.

Mon installation rudimentaire m'a assuré la paix d'esprit durant les inévitables périodes sèches ou très pluvieuses. Souvent, elle m'a évité de me lancer dans des arrosages inutiles. Un outil également apprécié dans les secteurs où l'arrosage est règlementé ou encore là où la nappe phréatique et les puits ont des capacités limitées. Inversement, j'ai aussi pu éprouver le caractère adéquat du système de rigoles lors de fortes précipitations.

Ainsi à l'expérience, il est finalement apparu que, par temps sec, Le Bocage n'avait besoin que de seulement quinze millimètres de pluie aux 7 jours pour assurer le bien-être de toutes les plantes, même des nouvellement plantées. Quinze millimètres c'est relativement peu (autre avantage du jardinage à l'ombre). En principe, j'ai même une bonne marge de sécurité théorique puisque, dans mon coin des Basses-Laurentides, les moyennes des précipitations se tiennent systématiquement au-dessus des 100mm par mois.

Reste que l'été 2005 fut particulièrement sec. Très sec même ! Souvent, les seules précipitations provenaient que des brèves ondées (averses ou orages) de convection qui, par définition, tombent ici et pas là ou, inversement, là et pas ici. Elles sont donc mal bien comptabilisées dans les bulletins météo officiels. Le pluviomètre artisanal confectionné et installé par Maude, mon ado, m'a donc permis de mesurer ce qui était véritablement tombé ou pas chez nous. Autant moi pour Le Bocage que Blonde pour nos autres jardins avons très bien dormi, même en arrosant que rarement — et encore, que les plantations de l'année.

Une recherche sur Google vous donnera accès à plusieurs plans pour la fabrication artisanale de pluviomètres (la plupart sur des sites scolaires).

Le plan que je préfère est une variante de celui décrit sur un site scolaire français. Il s'agit d'un pluviomètre aussi simple qu'efficace, mais sans prétention sur le plan de la précision.

1- Prendre deux bouteilles de plastique cylindriques de calibres différents (l'une juste un peu plus grosse que l'autre). La plus petite sera le pluviomètre. Préférer pour celle-ci une bouteille transparente dont la forme est le plus uniformément cylindrique que possible. Il faut savoir que plus le diamètre du collecteur du pluviomètre est large, plus l'appareil pourra être précis. Une bouteille d'un diamètre d'une huitaine de centimètres est un strict minimum.

2- Décapiter la plus grosse bouteille. Percer ensuite de gros trous dans le fond (pour l'évacuation de l'eau).

3- Creuser un trou dans le sol dans un endroit discret, accessible et dégagé. Y déposer la grosse bouteille dont le rebord dépassera à peine le ras du sol. Ce puits isolera le pluviomètre du soleil et d'une trop grande chaleur. Vous assurer qu'aucune plante ou aucun objet avoisinant ne fera obstacle aux précipitations, même obliques ; ni au contraire ajoutera à celles-ci par égouttement.

4- Décapiter la plus petite bouteille qui constituera le pluviomètre lui-même. Renverser la section du goulot pour faire un entonnoir qui sera déposé sur l'ouverture (encore une fois, pour réduire l'évaporation). Dans ce modèle-ci, le diamètre de l'entonnoir collecteur sera identique au diamètre du cylindre gradué (rapport 1:1). En augmentant ce rapport (le diamètre de l'entonnoir), on améliore la précision et la facilité de lecture, sauf que la calibration nécessite certains calculs additionnels décrits sur le site déjà mentionné.

5- Calibrer grossièrement le pluviomètre (si on le souhaite, le site scolaire français décrit une méthode offrant une meilleure précision) : faire une marque sur la portion parfaitement cylindrique de la bouteille ; puis une seconde marque, un centimètre plus haut. Mesurer alors la quantité d'eau nécessaire pour que le niveau passe de la première marque à la seconde. Cette quantité ainsi établie sert ensuite à la calibration. Par exemple, si cela vous a pris 150 millilitres pour emplir l'espace entre les deux marques, déposer un premier 150 ml dans la bouteille vide et marquer le niveau atteint « 1 cm » ou « 10 mm » avec un crayon indélébile. Reprendre l'opération pour marquer « 2 cm/20 mm », puis « 3 cm/30 mm », et ainsi de suite.

6- Une fois le pluviomètre calibré, déposer l'entonnoir sur celui-ci (on peut le fixer avec une penture faite d'une courte longueur de ruban gommé pour éviter qu'il ne parte au vent ou soit autrement déplacé par accident), puis glisser l'ensemble dans la base formée par la grosse bouteille.

Voilà !

Il peut maintenant tomber une grosse ondée locale en votre absence, vous le saurez et pourrez aussi en mesurer l'importance. De même, vous saurez aussi si l'orage qui vous a passé au-dessus de vous pendant que vous étiez au travail ou à faire courses est aussi passé au-dessus du jardin ou non, et a laissé tomber combien d'eau.

Idéalement, on prend les lectures après chaque pluie ou une fois par jour afin, encore une fois, d'éviter l'évaporation. En pratique, on peut s'absenter quelques jours sans problème. Reste plus qu'à prendre en note, ne serait-ce que temporairement, les précipitations constatées afin de les associer avec vos observations au jardin.

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23 janvier 2007

Plan du jardin pour 2007

photo M.-J. Musiol :  2007 sera la quatrième année où je jardine le Bocage. Et pour la troisième fois, j'ai préparé un plan afin de planifier les travaux de l'année.

On voit ci-après ce à quoi ressemblait mon plan pour l'année passée. Notez qu'il n'illustre que le sous-bois, on n'y voit donc pas la plupart des arbres.

Plan 2006Ayant complété le gros de la structure du Bocage, j'avais pensé pouvoir concevoir cette année un premier plan global de la totalité du jardin, c'est-à-dire de toutes les platebandes. Malheureusement non. Avec la neige, j'ai découvert que le tiers le plus au nord était un jardin de roches qui, l'été, étaient plus ou moins masquées par les mousses croissant sur elles, les plantes au sol et l'ombre. Je savais qu'il y avait là plusieurs gros blocs erratiques. Mais jamais autant de pierres de toutes tailles. La planification de ces sections-là du jardin devra donc se faire directement sur place cet été afin de déterminer précisément quels sont les espaces cultivables ainsi que quelles pierres je désire masquer ou mettre en évidence.

Plan de la structure 2007Avant de préparer le nouveau plan de cette année, j'ai d'abord précisé la structure du jardin afin d'encore mieux délimiter ses pièces et platebandes. Un périmètre d'arbustes (tirets jaunes) assure l'intimité. Par le sentier (brun - les ruisselets sont en vert kaki), on passe de section en section, délimitées par des « murs » d'arbres ou arbustes arbustes (tirets bleus) qu'il faut franchir pour voir la pièce suivante. Cependant, du Salon (au centre) on peut admirer presque toutes les pièces du jardin puisque les lignes de leurs « murs » y convergent. Seules trois pièces échappent au regard (pointillés jaunes) :
  • L'enceinte, un lieu de recueillement, dans le coin ouest ;

  • La Réserve, pépinière et lieu d'entreposage, dans le coin sud ; et

  • La Reposée, espace hamac, dans le coin est.


Plan 2007 Le plan suivant présente les platebandes que je souhaite installer durant l'année.

Évidemment, reste à voir comment le plan résistera au test de la réalité...

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21 janvier 2007

Être sa propre station météo

photo M.-J. Musiol :  Ensoleillé, ciel bleu sans nuage, maximum - 9 °C.

Partage du temps entre sciage et fendage des buches d'une part, et élagage des branches mortes des conifères. Depuis hier, j'utilise un long toboggan de plastique pour apporter les billots au poste de débitage, puis transporter les buches du poste vers les piles d'entreposage.

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BaromètreÀ moins d'être situé à proximité d'une station météo, les prévisions et les observations officielles n'ont qu'une pertinence relative.

Paradoxalement, il semble que la disponibilité sans précédent d'informations météo a été accompagnée d'une perte d'une certaine culture météorologique. On ne se fie de plus en plus qu'à ces informations, se montrant de moins en moins capable d'évaluer soi-même le temps qu'il fait et qu'il fera. Ainsi, on sait de moins en moins lire un baromètre, pour autant qu'on en possède encore un. Pourtant, les informations officielles n'ont d'utilité pratique que si on sait les réinterpréter localement. Aviateurs, marins et agriculteurs le savent, elles et eux qui doivent impérativement être leur propre station météo. Il en est plus ou moins de même pour les jardiniers.

Dans le cas du Bocage en Basses-Laurentides, aucune station locale ne publie de prévision précise sur les précipitations (probablement l'information la plus cruciale en jardinage avec celle sur les risques de gel au sol). Environnement Canada n'en publie plus du tout (une véritable honte). De son côté, Météomédia n'offre de données que pour l'aéroport de Mirabel, en Plaine du Saint-Laurent, 26 km au sud à vol d'oiseau ; et celui de Saint-Jovite, 54 km plus au nord-ouest en moyennes Laurentides. Or les divergences peuvent être notables. Par exemple au printemps, moins d'une dizaine de kilomètres plus au sud du Bocage se trouve la limite entre la Plaine du Saint-Laurent et le Bouclier laurentien. De part et d'autre, j'y ai déjà mesuré un écart de température de 11 °C sur moins d'un kilomètre ! En effet, la terre de la plaine cultivée chauffait sous le soleil alors que les collines boisées se gardaient encore au frais sous la neige. Quant aux précipitations, les prévisions et observations varient souvent de beaucoup entre les deux stations aéroportuaires ainsi qu'avec les observations faites au Bocage.

Il me faut donc produire moi-même les prévisions de précipitations. Je lis donc les prévisions de ces deux stations. S'il y a une différence notable dans les quantités prévues, je consulte les cartes des systèmes pour connaitre d'où ils viennent, leurs trajectoires prévues et où il tombera le plus et le moins de pluie. À partir de là, j'ajuste la prévision de la station qui aura les conditions les plus semblables à celles du Bocage. Mon pluviomètre artisanal (outil précieux pour les jardiniers) confirme généralement mes prévisions.

Quant aux orages violents, la vue sur l'horizon est passablement bloquée en ville comme en campagne, là par les édifices, ici par les arbres. Situation surtout problématique en ville où on ne les entend venir qu'à quelques minutes d'avis à peine. Lors d'alertes météorologiques, la consultation ponctuelle du radar météo évite donc de se faire surprendre.

Pour la température par contre, je peux me fier aux observations fournies par la station d'Environnement Canada à Piedmont à une dizaine de kilomètres à l'ouest du Bocage, presque sur la même latitude donc et généralement en position avancée par rapport aux systèmes qui arrivent généralement de l'ouest.

Le jardinage est une excellente occasion de se réapproprier une culture météorologique. D'autant plus en cette époque où, aux latitudes moyennes, on prévoit une variabilité accrue des températures et des précipitations ainsi qu'une multiplication des évènements météo exceptionnels qui affectent autant les humains que les plantes. Observer, prévoir et noter la météo devient essentiel.

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20 janvier 2007

Chant nocturne du lac

photo M.-J. Musiol :  Soleil après dégagement d'un léger couvert nuageux, venteux, maximum - 13 °C.

Quelques collègues jardiniers fréquentant le forum Jardinage.net concluent que le pin blanc découvert la semaine dernière pourraient se refaire une tête s'il a suffisamment de soleil.
Comme le jeune érable qui lui a coupé la tête pousse directement dans sa direction, j'ai donc décidé de l'abattre. Entretemps, j'ai achevé le débitage en billot de l'érable renversé cet été par le vent et ai commencé à scier ces derniers en buches.

* * *

Lac gelé au Parc Algonquin Dimanche soir dernier, j'ai pour la première fois cet hiver pu profiter d'une marche sous les étoiles sur le lac en plein concert. Car les lacs gelés chantent ! Cela arrive lorsqu'on a une chute rapide des températures (une quinzaine de degrés ce soir-là). La glace alors se contracte jusqu'au point de se fendre sous la tension. L'eau s'infiltre dans la fissure qui se gèle aussitôt. Le refroidissement se poursuivant, les contractions provoqueront de nouvelles fissures, et ainsi de suite.

Jamais je n'ai entendu un concert lacustre aussi riche. Plusieurs fissures par seconde. Le lac ici a un diamètre maximal de deux kilomètres. Les ruptures de glace s'effectuant à plus d'un kilomètre font des « pwoumpp » très sourds et diffus qui, mêlés entre eux à travers l'air, la glace et l'eau du lac, ressemblent un peu à de lointains chants de baleines. À moins d'un demi-kilomètre, on entend plutôt des « toingn » plus sonores qui ressemblent, eux, au bruit réverbérant des coups de laser dans les films de la série Guerre des étoiles. Puis, il y a ceux qui éclatent tout proche, qui sonnent très exactement comme... un craquement de glace qu'on peut ressentir par ses propres pieds. Parfois, la fissure touche un amarrage de quai et retentit alors un « bang » métallique comme si on y avait donné un coup de marteau. Particularité de cette nuit-là, certains bruits de détente s'accompagnaient d'un « gloup » bien liquide lorsque la fissure traversait une poche d'eau produite, puis emprisonnée dans le cours des récents épisodes de gels et dégels.

Dans la quiétude d'une nuit étoilée, ce mélange de sons étranges et hétéroclites est à la fois délicieux et impressionnant.

Peut-être certains d'entre vous s'interrogent à savoir ce fissurage est dangereux. Pas sur une surface calme sans courant notable et pas pour un être humain qui ne pèse à peu près rien. Il faudrait qu'au moins trois fissures se croisent de manière très rapprochée pour dégager totalement un bloc de glace. Or une fissure libère la tension accumulée sur son long, ce qui rend impossible une triple fissure en succession immédiate. En outre, il faudrait que les fissures soient parfaitement droites pour permettre le libre déplacement du bloc de glace. Enfin, il y a toujours l'eau en dessous qui supporte la glace. Bref, ce genre d'accident n'est possible que si la glace n'est pas déjà suffisamment épaisse, ce qui n'était pas le cas de cette glace-là qui supportait sans problème le passage de lourds véhicules moteurs.

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15 janvier 2007

Colloque sur la culture des plantes herbacées médicinales et ornementales en forêt feuillue

photo M.-J. Musiol :  À la demande de Tricornu, membre du forum Jardinage.net, je retransmets l'annonce qui suit.

L'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels de l'Université Laval (Québec, Canada) organise sur campus même, le 1er février 2007, une journée visant à mettre en valeur les principaux résultats des travaux de recherche réalisés au Québec ces dernières années sur la culture et à la production des plantes médicinales et ornementales en forêt feuillue ains que sur leur valorisation et commercialisation. Ce colloque doit également permettre de faire le point sur les connaissances acquises et sur les défis qui restent à relever pour développer la culture de ces espèces à plus grande échelle.

Voici la listes des invités et sujets traités.

Line Lapointe, Ph.D., professeure-chercheure au département de biologie, Université Laval :
Les projets de recherche de l'Université Laval et de l'Université de Sherbrooke sur les plantes forestières à intérêt médicinal et ornemental.

Alain Cuerrier, Ph.D., ethnobotaniste, Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) :
Propriétés médicinales et utilisation des plantes de sous-bois par les Autochtones.

Guillaume Dostie, maîtrise en biologie végétale, Université de Sherbrooke :
Effets du pH et de la luminosité sur la croissance de différentes espèces de plantes forestières à intérêt médicinal et ornemental en serre.

Souad Bouchiba, étudiante au doctorat, Université Laval :
Dosage des composés actifs de différentes espèces de plantes médicinales forestières en relation avec les conditions de culture (lumière, pH) et la génétique des populations naturelles.

Julie Naud, étudiante à la maîtrise, Université Laval :
Effets de la luminosité et des conditions du sol sur la survie, la croissance et la teneur en composés actifs chez différentes espèces herbacées cultivées en forêt.

Jeanine M. Davis, Associate Professor, Extension Specialist, North Carolina State University :
Portrait de la culture de plantes herbacées en forêt dans le nord-est de l'Amérique du Nord (production, problématiques, etc.)
Aspects pratiques de la culture en forêt de différentes espèces herbacées (préparation du site, paillis, fertilisation,
transplantation, lutte contre les maladies et ravageurs, récolte, etc.)

Annie Goyer, M.Sc., ingénieur forestier :
Projets de recherche sur la culture de l'actée à grappes noires en forêt et sur l'hydraste du Canada sous ombrière.

Isabelle Nadeau, M.Sc., agronome :
Ginseng Boréal, Rétrospective des travaux effectués au cours des 10 dernières années sur la culture du ginseng
en milieu forestier au Québec.

Amrane Boumghar, conseiller principal en développement des marchés, Agriculture et Agroalimentaire Canada : Perspectives de marchés et conditions de développement du secteur des plantes forestières à intérêt médicinal et
ornemental.

Alain Olivier, Ph.D., professeur-chercheur au département de phytologie, Université Laval :
Synthèse et mot de la fin.

On retrouve en ligne l'horaire détaillé de la journée ainsi que le formulaire d'inscription. La date limite de préinscription est le 22 janvier.

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14 janvier 2007

Trop chaud. Courrier international Hors-série.

photo M.-J. Musiol :  Ensoleillé avec passage nuageux, maximum - 4 °C.

Depuis la fin de semaine dernière, je débite mes premiers arbres de bon diamètre (érables de 20-30 cm) de l'hiver. Je ne produis donc plus seulement des pièces d'allumage et des rondins. Plutôt des buches que je dois donc fendre. Les gestes de fendre le bois à la hache, puis de le ramasser par brassée, puis de le corder (empiler en rang) sont satisfaisants. Ce sont des gestes séculaires. Des gestes de survie, de réconfort, de soutien au bien-être de soi et de ses proches. Très physiques, concrets. Leurs résultats aussi. Visibles et mesurables. Une activité contentante et apaisante.

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Trop chaud - Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le réchauffement de la planète et comment vous pouvez y remédier. Courrier international Hors-série, Oct-nov-déc 2006.

Le sous-titre décrit le programme. 113 pages d'articles tirés de quotidiens, grands magazines ou revues scientifiques, de photos, de cartes, de caricatures et de sources de références pour qui veulent, soit se sensibiliser, soit se mettre à jour sur la problématique des changements climatiques.

La première section, « Portefolio » présente des photos spectaculaires des plus beaux sites menacés. La seconde, « Alertes », sept articles portant sur les signes de réchauffement climatique. « Scénarios », des articles sur les différentes hypothèses portant sur ce que sera le climat de demain. La section « Controverses » traite des inévitables polémiques scientifiques et politiques. Puis « Avant/après » des séries de photos illustrant les changements déjà survenus depuis 25, 30, 75 ans. Ensuite, ce sont treize articles sur les « Solutions », des plus sérieuses aux plus farfelues. Évidemment, une série d'articles sur les « Politiques » et leurs applications ou non. Enfin, on nous présente 40 « Personalités » qui se sont engagées, chacune à leur manière, sur ces questions.

On remarque, en passant, que si le gouvernement des États-Unis nie officiellement l'importance du réchauffement de la planète et la nécessité d'agir, ce pays est de ceux qui publie beaucoup et très bien sur ce sujet.

Bref, un indispensable survol comme sait si bien le faire l'équipe du Courrier International qui souhaite faire comprendre que rien n'est encore définitivement joué, donc qu'il n'est pas trop tard et que « c'est à chacun de nous de prendre part au mouvement pour "sauver la planète". »

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13 janvier 2007

Impossible d'observer directement les changements climatiques

photo M.-J. Musiol :  Ensoleillé, maximum - 7 °C.

Aujourd'hui, j'ai découvert un pin blanc (pinus strobus) de quelque sept mètres dont à peine deux portent de timides branches épineuses. Ce conifère à croissance rapide est sur le point d'atteindre le plein ensoleillement où il pourra enfin prospérer et, éventuellement, devenir un géant de 30 mètres. Demain, je vais tenter de l'y aider en dégageant un arbre ou deux autour de lui.

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Cela me choque d'entendre certains climatologues tourner autour du pot lorsqu'on les interroge à savoir si tel exceptionnel évènement ou suite d'évènements météo sont ou non une manifestation des fameux changements climatiques. Ceux-là sont incapables d'affirmer clairement et sans équivoque qu'il est impossible de lier quelque occurrence météo ponctuelle à quelque changement du climat. On jurerait qu'ils ont peur de perdre leurs très indispensables fonds de recherche s'ils désembrouillaient définitivement la confusion entre météo et climat chez le grand public et les décideurs.

En effet, il faut rappeler que :

1- Tout être humain peut observer directement le temps qui fait (la météo) et ses aberrations ponctuelles (possibilité de semer en hiver ou y voir les bulbes pousser un moment ; des tomates ou des récoltes gelant en plein été à un autre moment ; tempête à déraciner des forêts entières à un autre encore ; sècheresse ou bien déluge ensuite ; etc.). Aux latitudes moyennes, la météo est une réalité très instable et variable que nous ne pouvons que ressentir immédiatement par nos sens et même dans notre chair.

2- Cependant, aucun être humain ne peut observer directement les changements du climat. Ces derniers sont trop subtils et s'étalent sur une trop longue période. Seuls sont en mesure de les « ressentir » des êtres comme les séquoias géants. Ou mieux, les pins Wollemi vieux de 100 millions d'années qui ont traversé moult glaciations et même les successions de chaleurs et froids extrêmes qui suivirent de l'impact de cette météorite qui anéantit plus de 90 % des espèces vivantes dont les dinosaures, il y a 65 millions d'années. L'être humain n'a pas la longévité, ni la sensibilité de ressentir des variations aussi infimes (à peine quelques centièmes de degré Celsius ou quelques millimètres de précipitations par an) assourdies par la cacophonie de variations quotidiennes qui peuvent osciller sur des échelles mille fois plus grandes.

Évolution des températures depuis 1869Ici, le sud-ouest du Québec est d'ailleurs un des pires endroits pour tenter des observations directes. Cette région est presque sur le 45e parallèle, soit exactement à mi-chemin équateur et pôle Nord, donc sensible aux coups de yoyo incessants entre les systèmes arctiques et tropicaux. En outre, cette région n’est pas vraiment maritime (trop loin de la mer), ni vraiment continentale (pas assez à l'intérieur des terres). La météo est donc influencée autant par l'Atlantique, la Baie d'Hudson, l'Arctique, les Plaines canadiennes, les Grands Lacs, le Golfe du Mexique. Il arrive même que deux systèmes l'attaquent simultanément. C'est d'ailleurs précisément ce qui s'est passé lors de la fameuse crise du verglas de janvier 1998 alors qu'un froid arctique s'engouffrant dans le Saint-Laurent s'est retrouvé juste en dessous d'un système chaud et humide remontant du Golfe du Mexique par le couloir du Lac Champlain. La région est même à la marge des effets de l'oscillation El Niño/La Niña, ce qui fait qu'un épisode El Niño peut très bien nous réchauffer et le suivant nous refroidir.

Bref, l'être humain n'est ni « bâti », ni bien placé pour observer directement un changement climatique, tout particulièrement en latitudes moyennes.

3- Par contre, tout être humain peut observer directement de ses propres yeux ces changements en regardant complètement autre chose que le temps qui fait. Observations indirectes donc de ceux-ci, à travers leurs effets sur des réalités relativement indifférentes aux variations ponctuelles. Les Inuits qui vivent dans l'Arctique sont ici aux premières loges. Ils voient arrivés en leurs terres plein d'êtres inconnus pour lesquels ils ne possèdent dans leur langue aucun mot pour les désigner. Tout d'abord, les arrivées (ou en d'autres termes, le déplacement des aires de distribution) d'oiseaux et d'insectes volants. Puis celles d'animaux terrestres qui se déplacent plus lentement. Puis celles enfin des plantes, donc le déplacement de la fameuse ligne des arbres qui fait reculer la toundra. Les Inuits voient aussi raccourcir à vue d'oeil la période où la mer se couvre de glace ou le recul des glaciers. Le même type d'observations peut se faire à des latitudes plus basses, mais de manière généralement moins spectaculaire : apparitions ou disparitions d'espèces volatiles en un territoire ; changements dans la capacité des plantes à être rustiques localement ; déplacements des périodes de floraisons et fructifications ; modifications de la longueur de période de gel des plans d'eau ; etc. Cependant, encore ici, ce n'est pas les variations d'une année sur l'autre qui sont significatives, mais les tendances sur des périodes plus longues, au moins de l'ordre de la décennie.

Bref, le climat est lié à la quantité totale d'énergie disponible sur la planète. La météo est seulement là où se retrouve cette énergie d'un instant à l'autre. N'oublions pas que la planète demeure, à tout fin pratique, presque aussi chaude (ou froide) une année sur l'autre. Même en suivant les scénarios les plus catastrophiques, soit 6 °C d'augmentation en 100 ans, cela ne ferait toujours qu'une moyenne de 0,06 °C par année ! Entretemps sur le plan météo, nous pouvons observer directement un hiver exceptionnellement chaud cette année dans le Nord-Est de l'Amérique du Nord et simultanément du temps exceptionnellement froid au même moment en Afghanistan. C'est-à-dire des répartitions ponctuelles particulières de l'énergie à travers la planète sur de très courtes périodes de temps.

Nous, les mordus d'horticulture, et plus encore ceux d'ornithologie, sommes très bien placés pour observer les changements climatiques... mais à condition cependant de regarder aux bons endroits.

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07 janvier 2007

Un jardin de roches

Soleil sans nuage, maximum 3 °C.

Que de roches et de blocs erratiques dans Le Bocage ! Il y a encore une couche de neige au sol. Cependant, cela a fondu sur la plupart de rochers.

L'été, à l'ombre, ces roches grises et couvertes de mousses vertes se confondent et se dissimulent dans la verdure ambiante.

bloc erratiqueL'hiver, en plein soleil, dégagées de tout feuillage, elles ressortent avec contraste du couvert blanc éblouissant. Il semble alors y en avoir partout, surtout dans la moitié nord-est. Des petites et des massives, parfois empilées les unes sur les autres. Ce jardin de roches a été créé il y a dix-quinze mille ans à la fin de la dernière grande glaciation lors du retrait du glacier.

Je prends donc conscience qu'il faudra planter pour, tantôt mettre en évidence, tantôt soustraire aux regards, chacun de ces rochers. En ajoutant le fait que ces derniers diminuent considérablement la surface cultivable, cela offre un délicieux défi. Il me faudra également souligner les contrastes entre les sections rocheuses et les sections terreuses du jardin.

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06 janvier 2007

Le jardinage : saine habitude ou assuétude?

Pluie, maximum 7 °C.

La neige tient malgré la chaleur et la pluie. Les rigoles débordent cependant. Elles sortent de leur lit par endroits.

* * *

C'est plus fort que moi. Chaque jour à la campagne, je dois consacrer des heures au travail du jardin. Et en ville, mes pensées retournent irrésistiblement au jardin, pour le planifier, pour l'étudier ou apprendre sur la botanique, l'horticulture, la météorologie, etc.

En un temps, j'avais ressenti physiquement ces appels comme une véritable assuétude, l'abstention ou l'impossibilité d'y répondre comme un véritable manque.

terreAujourd'hui, j'ai réussi à me discipliner. Ce journal m'y aide d'ailleurs. Désormais, je ne consacre pas plus que deux ou trois heures par jour au travail du jardin. Et encore, j'arrête toujours avant de ressentir quelque épuisement ou dégrisement. Car je désire voir cette habitude durer. En ville, je ne consacre plus que quelques minutes par jours à la fréquentation des forums de jardinage, à la lecture des catalogues ou sites Web. Si cet automne, mes déplacements entre ville et campagne furent dédiés aux lectures horticoles, ce n'est plus le cas.

Le jardinage ne m'est pas moins une nécessité. Mais une nécessité tempérée, comme le sont et doivent l'être le sommeil, l'hygiène, l'exercice physique, la nourriture, etc. Cette nécessité-ci est celle du contact avec la matière, inerte et vivante. Celle du travail physique. Du contact avec la nature, avec ce sol vieux de presque un milliard d'années, ce système écologique complexe qu'est une érablière à bouleau jaune en terrain quasi humide, avec chacune des plantes, insectes, animaux, rochers du jardin. La nécessité du contact avec un travail dont on peut constater matériellement l'avancement, heure par heure, minute par minute. Celle du contact avec mes racines familiales et de ma propre enfance. Celle de la connaissance des sciences naturelles. Celle du ressourcement et du repos du travail professionnel, des soucis ordinaires et extraordinaires. Celle de l'observation quotidienne des saisons et des observations décennales des changements climatiques en cours. Celle du rappel de notre place de simple garde de ce jardin appelé la terre...

Une véritable nécessité donc.

Vitale.

Dont il faut savoir doser la pratique pour maintenir et perpétuer ses qualités vivifiantes.

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03 janvier 2007

Éloge de la sciotte

Hier, ensoleillé, maximum -3 °C.
Aujourd'hui, nuageux, maximum 3 °C.

Poursuite de ma routine sylvicole de cet hiver dont l'abattage d'un arbre mal en point près de La Reposée.

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Rien comme la sciotte pour la sylviculture amateure. Tout particulièrement en jardin.

Les tronçonneuses mécaniques sont populaires. Elles demeurent cependant très dangereuses comme mon médecin de famille me le confirme. Souvent de garde à l'urgence, il en a vu des blessures de tous genres ! Outre des protections aux mains, au visage, aux oreilles et à la tête, l'usage sécuritaire de ces outils demande un excellent entretien et des ajustements constants ainsi qu’un maniement sûr et prudent. Toutes choses qui doivent s'apprendre et se pratiquer avec sérieux. Les modèles à essence à deux temps sont extrêmement polluants et malodorants. Et tous sont très bruyants. Non seulement peuvent-ils endommager l'ouïe, mais leur vacarme masque les bruits subtils qui informent sur l'équilibre de l'arbre. L'efficacité même des tronçonneuses peut être source de risques et d'erreurs. À l'usage, les vibrations favorisent l'apparition d'arthrite ou d'hypersensibilités au froid.

À part un sain effort musculaire, la sciotte (une version traditionnelle illustrée ci-contre) est nettement moins exigeante. Presque silencieuse et non polluante, elle permet de profiter du grand air et surtout de garder tous ses sens en alerte. On peut arrêter à tout moment la coupe pour s'assurer de sa sureté et de son efficacité.

Habituellement, j'entaille par étapes jusqu'à un point d'équilibre. Je pousse alors l'arbre pour l'incliner de quelques degrés à peine. Il reste alors là, immobile, mais désormais irrémédiablement engagé sur sa future trajectoire descendante sans retour en arrière possible. Je peux alors prendre tout mon temps pour estimer précisément la direction prise, l'éventuelle rectification à effectuer, les arbres ou branches qui feront obstacle, le point d'impact final, le comportement probable de la base (glissera ou rebondira-t-elle ?), les voies permettant de s'éloigner sécuritairement. Ces évaluations faites, je donne alors la dernière poussée ou entaille qui entraine l'arbre dans sa chute finale. Souvent, cette dernière s'effectue dans un ralenti plutôt cinématographique. Comportement idéal pour protéger les autres habitants du jardin.

La sciotte permet de travailler lentement, méthodiquement. De bien réévaluer le nouvel état du jardin après chaque abattage et même chaque élagage. Cet outil ne s'impatiente jamais. Il attend sagement et silencieusement sa prochaine utilisation. Le même outil sert également au débittage. La sciotte est la docile amie des jardiniers en boisé.

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